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ou « syndrome du lapin en retard »

« Imaginez que chaque matin, une banque vous ouvre un compte de 86 400 €.

 Simplement, il y a deux règles à respecter.

 La première règle est que tout ce que vous n’avez pas dépensé dans la journée vous est enlevé le soir.

Vous ne pouvez pas tricher, ne pouvez pas virer cet argent sur un autre compte, ne pouvez que le dépenser mais chaque matin au réveil, la banque vous ré-ouvre un nouveau compte, avec à nouveau 86 400 € pour la journée.

Deuxième règle la banque peut interrompre ce « jeu » sans préavis, à n’importe quel moment elle peut vous dire que c’est fini, qu’elle ferme le compte et qu’il n’y en aura pas d’autres.

Que feriez-vous ?

A mon avis, vous dépenseriez chaque euro à vous faire plaisir, et à offrir une quantité de cadeaux aux gens que vous aimez.

Vous feriez en sorte d’utiliser chaque euro pour apporter du bonheur dans votre vie et dans celle de ceux qui vous entourent.

Cette banque magique, nous l’avons tous, c’est le temps !

Chaque matin, au réveil, nous sommes crédités de 86 400 secondes de vie pour la journée, et lorsque nous nous endormons le soir, il n’y a pas de report.

Ce qui n’a pas été vécu dans la journée est perdu, hier vient de passer.

Chaque matin, cette magie recommence.

Nous jouons avec cette règle incontournable : la banque peut fermer notre compte à n’importe quel moment, sans aucun préavis à tout moment, la vie peut s’arrêter. »

Les habitués des réseaux sociaux, ont sans doute déjà lu cet extrait de « Et si c’était vrai » de Marc LEVY qui ne laisse personne insensible.

L’auteur nous force à nous interroger sur le temps qui file et sur la manière dont nous choisissons de l’utiliser.

Dans la même veine, on peut aussi citer Jean-Jacques SERVAN SCHREIBER qui dans « l’art du temps » nous dit ceci :

« Le paradoxe du temps, c’est que rare sont ceux qui estiment en avoir suffisamment, alors que chacun dispose de sa totalité. A la différence des autres ressources, celle-ci ne peut-être ni achetée ou vendue, empruntée, volée, stockée ou économisée, fabriquée, multipliée, on ne peut qu’en faire usage et, si l’on ne s’en sert pas, elle n’en disparaît pas moins, elle est à l’évidence la plus précieuse de toutes, puisqu’elle est la seule à ne pas être renouvelable. »

Nous commençons donc tous notre journée avec le même nombre de secondes, et pourtant, si on écoute autour de nous, (et si on s’écoute parler nous-même), on a l’impression grandissante de ne pas avoir de temps.

Ce rapport au temps est absolument primordial. Dans le cadre professionnel, on peut convenir que tout se résume à une question de temps : on peut mettre 2 fois moins de temps à faire un projet si on est 2 fois plus nombreux, on peut gagner du temps si on se forme ou si on forme ses équipes, on raccourcit un délai de production en investissant dans des chaines plus performantes et changeant un processus, en recrutant… Bref, notre monde professionnel tourne autour du temps.

Alors que faisons-nous de ces 86 400 secondes que la vie nous donne tous les jours pour que nous ayons cette impression de ne jamais avoir assez de temps ?

Ne dites plus « je n’ai pas eu le temps de… » mais dites plutôt…

C’est une règle que j’essaie de m’imposer : ne pas dire « je n’ai pas eu le temps de… » mais dire plutôt « je n’ai pas pris le temps de… ». Pourquoi ? Parce que comme nous l’explique très bien dit M. LEVY et J.J. SERVAN-SCHREIBER le temps nous l’avons tous les matins en nous levant et nous n’avons absolument aucun impact là-dessus. En revanche, ce qui dépend de nous, c’est ce que l’on va décider d’en faire.

C’est pourquoi je préfère dire « je n’ai pas pris le temps de… » car c’est bien moi, à force d’arbitrages et de priorités, qui ai reporté la réalisation de telle ou telle action.

Bien sûr, les journées ne font que 24h et ce n’est pas toujours assez, mais vous remarquerez tout de même que le temps peut sembler élastique en fonction de nos priorités, et qu’une activité récréative trouvera toujours plus facilement à se loger dans un emploi du temps qu’une corvée de même durée.

C’est donc bien de priorisation qu’il s’agit puisque ce sont des choix que nous faisons qui déterminent l’avancement de nos actions.

Attention toutefois à ne pas verser dans l’extrême opposé et de ne consacrer du temps qu’aux sujets sérieux au détriment d’actions qui nous font du bien.

« Je suis top charrette, genre hyper-trop-busy tu vois… »

D’accord, l’expression est excessive, mais on connaît tous des amis ou des collègues qui sont toujours débordés (et quelles que soient vos occupations, ils seront toujours plus occupés que vous, pas la peine de lutter avec eux sur ce terrain).

Le problème n’est pas qu’ils le soient ou pas (ça nous est tous arrivé), mais c’est qu’ils en fassent un mode de vie.

A les écouter, on a l’impression de parler avec le lapin « d’Alice au Pays des Merveilles », qui court tout le temps car il est « en retard ». Et pourtant, quand il s’agit de vous expliquer pourquoiils n’ont pas le temps, alors là ça peut durer des heures !

En fait, en s’affichant comme débordés, ils ont l’impression d’exister plus que d’autres. Ils ont sans doute l’impression que l’image sociale qu’ils renvoient est plus valorisante.

Ils doivent être les cousins de ceux qui quittent le boulot à 22h tous les soirs.

Pour eux « c’est stylé », comme disent mes enfants, de dire qu’ils sont débordés. Alors au lieu de se poser les bonnes questions pour ne plus l’être, ils se complaisent dans cette situation et en font profiter leur entourage.

Les situations chronophages et inutiles qui me font péter les plombs

Les situations suivantes, vous les avez toutes déjà vécues. Pour ma part, ce sont des situations « gâchettes » dont nous parlions dans un précédent article sur l’ANC, et je sais que ça peut me faire exploser rapidement, car elle donne l’impression d’user notre temps pour rien.

Répéter toujours la même chose

A la maison ou au boulot, quand je repense à certaines phrases, certaines discussions stériles qui reviennent systématiquement (alors que le point a été tranché toujours dans le même sens déjà 20.000 fois), je sens la pression qui monte.

A la maison ce sera « met ton bol dans le lave-vaisselle » par exemple, ou alors « va mettre tes chaussons » ou le tube de tous les parents : « non mais tu as vu ta chambre ??? ».

Au boulot ce sera « on ne modifie jamais directement les fichiers sources des images » ou « vous avez pensé à mettre à jour votre plan d’action / vos indicateurs »…

Mais dans tous les cas, que de temps perdu à répéter mot pour mot la même chose ! Alors je veux bien que « la répétition soit la base de la pédagogie », mais faut pas pousser non plus…

Faire des choses qui n’ont pas de sens

Au-delà de la répétition éternelle des mêmes paroles, il y a le niveau du dessus, celui de la répétition perpétuelle des mêmes gestes ou mêmes actions que l’on pourrait éviter. Comprenons-nous bien, je ne parle pas du geste beau et noble de l’artisan qui recommence une nouvelle commande, dans laquelle il mettra du temps, du savoir-faire et du cœur. Non, je parle par exemple du plan d’action qui n’est toujours pas synchronisé ni collaboratif alors qu’il existe des dizaines de solutions pour le faire ; je parle de ce compte rendu de réunion qu’on met des heures à chercher et à essayer de comprendre alors que là aussi il y a des moyens et méthodes qui permettent de tout retrouver en 1 clic ; je parle du dossier qu’il faut imprimer alors qu’on sait pertinemment que le prochain interlocuteur va scanner les documents qu’on lui donnera…

Dans la même gamme, on trouve aussi les tâches qu’il faut recommencer à zéro à chaque fois, alors qu’elles pourraient être automatisées au moins en partie.

Certaines personnes ont une volupté certaine à réinventer la roue à chaque occasion et lorsqu’on les charge d’organiser le séminaire de fin de trimestre, elles repartiront d’une feuille blanche au lieu de simplement récupérer la liste des participants du précédent événement, afin de n’avoir qu’à la mettre à jour pour réserver l’hôtel ; elles n’iront pas regarder les notes prises lors du dernier débriefing pour éviter de renouveler les erreurs etc…

La procrastination

Enfin, autre comportement qui donne cette impression de n’avoir jamais le temps, c’est la procrastination. Jérome K. Jérome, l’auteur de « Trois hommes et un bateau » avait cette formule :

« J’aime le travail, il me fascine. Je peux le contempler pendant des heures. J’adore le garder près de moi : l’idée de m’en débarrasser me brise le cœur. »

C’est l’expression parfaite de cet art subtil, qui vise à trouver toutes les bonnes (et les mauvaises aussi) raisons de reporter à demain ce que l’on pourrait faire aujourd’hui.

Alors forcément, les to-do-lists s’empilent, se remplissent, et lorsque les échéances sérieuses arrivent, il est souvent trop tard, et là pour le coup, on n’a vraiment plus le temps !!!

Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?

Si vous avez déjà eu la chance de visiter des vestiges de civilisations antiques : grecques, romaines, égyptiennes, mésopotamiennes, incas, mayas, chinoises et j’en passe… vous avez certainement été surpris devant l’immensité des ouvrages réalisés et la simplicité des moyens dont ils disposaient, comparé à nos grues et bulldozers. On ne peut s’empêcher de se poser la question « comment ont-ils fait ? », et bien à la différence de nous, ils avaient le temps ou plutôt, ils ne refusaient pas de prendre le temps. Et nous ferions bien de nous en inspirer.