Charge mentale au travail : définition et enjeux pour les entreprises

La charge mentale au travail désigne l’ensemble des opérations mentales effectuées par un travailleur lors de son activité professionnelle. Les efforts de concentration, de compréhension, d’adaptation, d’attention et de minutie, d’accomplissements de tâches de traitement d’informations… sont autant d’éléments qui peuvent augmenter la charge mentale d’un individu au travail. On peut également citer les pressions psychologiques liées aux exigences de délai, de rapidité, de qualité d’exécution, la gestion des relations avec les collègues et les tiers, entre autres, qui génèrent une contrainte psychique de charge mentale.

Comment peut-on mesurer la santé mentale au travail ?

De nombreux outils d’évaluation validés et reconnus aident à diagnostiquer une pathologie portant sur la santé mentale au travail. Ces outils diffèrent par leur présentation et leur contenu en fonction des domaines d’activité. Ce sont des questionnaires destinés à traduire le niveau de contraintes psychologiques et organisationnelles auxquelles peut être confronté un individu dans l’exercice de son activité ainsi que l’urgence à y remédier. Ces échelles d’évaluation sont formulées de façon standardisée au moyen d’items ou d’indicateurs numériquement mesurables. Parmi ces divers supports, on citera :

  • le questionnaire CPO relatif aux contraintes psychosociales et organisationnelles en milieu de soins ;
  • l’échelle de mesure de perception du stress ou PSS (Perceived Stress Scale) ;
  • le test d’inventaire de Burn Out de Maslach, pour diagnostiquer un épuisement professionnel (burn-out) ;
  • le questionnaire de Karasek pour mesurer le stress professionnel ;
  • le questionnaire de Siegrist pour évaluer le déséquilibre efforts/récompense et la non-reconnaissance au travail, facteurs de mal-être ;
  • l’échelle d’anxiété de COVI, un outil utilisé pour diagnostiquer des affections psychiques graves entraînant une incapacité permanente prévisible supérieure ou égale à 25 % autorisant de fait la saisie du CRRMP en vue d’une reconnaissance de l’affection au titre des maladies professionnelles.

 

À noter : les questionnaires de Karasek et de Siegrist sont les plus couramment utilisés pour mettre en évidence des situations à risques.

Surcharge mentale : symptômes et risques pour les collaborateurs et l’entreprise

 

Les situations de surcharge mentale épuisent ceux qui en sont victimes. Les symptômes de la surcharge mentale et le stress se manifestent à travers plusieurs phénomènes, variables selon les individus.

Les symptômes sur le plan physique

  • douleurs articulaires et musculaires ;
  • troubles gastro-intestinaux ;
  • céphalées ;
  • crise d’asthme ;
  • troubles cardiaques (palpitations cardiaques, tension artérielle élevée) ;
  • cholestérol ;
  • fatigue chronique.

Les symptômes sur le plan psychique

  • troubles du sommeil ;
  • bouffées de chaleur et hypersudation ;
  • crises d’angoisse ;
  • syndrome dépressif d’épuisement professionnel, le burn-out (comportement addictif à un travail).

Les symptômes sur le plan social et comportemental

  • irritabilité, agressivité ;
  • hyperactivité ou apathie ;
  • troubles du comportement alimentaire (boulimie) ;
  • surconsommation d’alcool, de tabac, de médicaments, de substances psychotropes ;
  • isolement social ;
  • comportements à risques ;
  • démotivation complète.

Les risques pour les collaborateurs et l’entreprise

Les risques pour l’entreprise se manifestent sous diverses formes :

  • une baisse de performance des collaborateurs et une diminution de la productivité dues à l’altération de la qualité du travail fourni, aux erreurs commises, à la perte de nouveaux marchés ;
  • une augmentation de l’absentéisme, des accidents de travail, des maladies professionnelles ;
  • un turn-over plus important en raison de départs des salariés ou d’absentéisme ;
  • les rapports sociaux dégradés impactés par une mauvaise ambiance, des violences internes et/ou des conflits au sein d’un collectif de travail, par l’émergence de mouvements sociaux.

Un outil pour réduire la charge mentale au travail ?

Charge mentale au travail : quelles solutions au niveau du management ?

Alléger la charge mentale au travail fait appel à de nombreux leviers. Il existe en la matière autant de réponses que de profils. Pour une même activité professionnelle, ces solutions diffèrent en fonction de caractéristiques individuelles et contextuelles.

Du côté des managers, certains comportements participent à diminuer considérablement la charge mentale de leurs équipes. À l’échelle du management, les solutions portent essentiellement sur la nécessité de :

  • repérer les premiers signes d’isolement du salarié, de l’altération de sa vigilance, de son irritabilité ;
  • déléguer et donner plus de marge de manœuvre à la personne dans la réalisation de ses missions, sans pour autant lui demander des comptes en permanence ;
  • procéder à une répartition des tâches pertinente avec des délais et des objectifs clairement définis ;
  • mettre en place des moments d’échange, des réunions avec toute l’équipe afin de débattre collectivement des problèmes. Prendre conscience des difficultés est indispensable pour repenser les modes de fonctionnement ;
  • encourager l’entraide ;
  • instaurer un climat de confiance, de respect mutuel et d’écoute ;
  • reconnaître le travail accompli ;
  • laisser place à l’erreur.

 

Si le manager estime que les solutions pour réduire la charge mentale au travail peuvent être gérées à son niveau, il peut essayer d’améliorer lui-même la situation. Dans le cas contraire, il ne doit pas hésiter à prévenir le responsable RH, le médecin ou le psychologue du travail. Plusieurs dispositifs d’accompagnement peuvent être mis en place au niveau RH pour soutenir à la fois les managers et les personnes en difficulté afin de les aider à réguler une crise, à gérer leurs émotions et à prévenir des conséquences graves. Parmi ces dispositifs, l’on trouve :

  • le plan d’accompagnement psychologique des salariés (PAPS) en individuel basé sur des entretiens destinés à évaluer les symptômes physiques potentiels et le niveau d’anxiété ;
  • les cellules d’écoute par le biais de professionnels spécialisés pour accompagner un salarié en souffrance.

Les risques psychosociaux en entreprise : de quoi parle-t-on ?

En 2011, le ministère du Travail, via le rapport Gollac, définit les risques psychosociaux comme « des risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental ».

Ce fléau sévit depuis quelques années aussi bien dans les entreprises que dans les administrations. Il regroupe trois principaux facteurs :

  • le stress induit par une surcharge de travail, un manque d’autonomie, un manque de moyens ;
  • les violences internes à l’entreprise, de type harcèlement (moral ou sexuel) ou les conflits entre les collègues et/ou la hiérarchie ;
  • les violences externes à l’entreprise sous forme de menaces, d’agressions, d’insultes.

 

Tout employeur a l’obligation d’évaluer les risques dont les risques psychosociaux et de prendre toutes mesures pour protéger la santé physique et mentale de ses salariés. (article L. 4121-1 du Code du travail). Des mesures de prévention existent pour dépister et réduire une situation débutante ou préoccupante d’émotions au travail.

Tout salarié, quel que soit son statut hiérarchique, son métier, son sexe ou son âge est susceptible d’être exposé à des risques psychosociaux. Ces RPS peuvent résulter de l’activité en elle-même ou de l’organisation et/ou de l’ambiance dans la sphère professionnelle.

Quels sont les principaux risques psychosociaux au travail ?

Les risques psychosociaux au travail concernent toutes les situations à risques, susceptibles d’impacter la santé mentale de personnes issues de tous domaines professionnels. Ils peuvent être causés par plusieurs facteurs provenant de l’activité elle-même, de l’organisation ou des relations de travail. Ils affectent tous les niveaux, des employés aux managers, jusqu’à très haut dans la hiérarchie.

Les RPS recouvrent différentes formes et peuvent interagir entre eux. Ils correspondent à des situations telles que :

  • le stress consécutif au déséquilibre entre le ressenti d’un individu au regard des contraintes de son environnement de travail et des ressources dont il dispose pour y faire face ;
  • des violences verbales ou physiques internes à l’entreprise de la part des autres employés. Il s’agit souvent de harcèlement moral, de harcèlement sexuel, de disputes répétées, de conflits entre des personnes ou membres d’équipes ;
  • des violences commises hors de l’entreprise (insultes, menaces, agressions).

Gestion du stress au travail : 5 conseils pratiques

Apprendre à dire « non »

Une charge de travail trop impressionnante peut vite mener au burn-out. Pour protéger son bien-être et sa santé, un salarié doit savoir placer des priorités dans ses missions et s’accorder de vraies pauses. Dans le cadre de la gestion du stress au travail, le refus motivé d’une mission allégera le stress et augmentera la productivité de la personne.

Savoir prendre du recul

Certaines situations de stress méritent d’être examinées avec objectivité et recul. Dans un contexte où la personne se sent oppressée ou agressée, toute réaction impulsive est déconseillée. Quelques exercices respiratoires seront bénéfiques pour se détendre et ne pas céder à la pression. Un accompagnement thérapeutique peut aussi aider à gérer des réactions émotionnelles susceptibles de diminuer.

Préserver son sommeil par des méthodes naturelles

Se coucher à des heures régulières et bien dormir est indispensable pour gérer le stress au travail. Malheureusement, un état anxieux lié à l’environnement professionnel est souvent la cause d’insomnies. Des professionnels dispensent des formations de gestion du stress et des méthodes antistress naturelles. C’est le cas de la sophrologie, de l’acupuncture, de l’hypnose, etc. Bien entendu, il est indispensable de garder une bonne hygiène de vie et pratiquer une activité physique.

Se forcer à sourire

Sourire et rire font toujours du bien et participent à la libération de l’endorphine au même titre que l’activité physique. Un sourire, même forcé, participe à réduire l’anxiété et peut engendrer des émotions positives, même dans un contexte stressant.

Ne pas attendre pour appeler à l’aide

Il faut savoir tirer la sonnette d’alarme avant de « couler ». Parmi les personnes à alerter, on trouve le responsable hiérarchique, le délégué du personnel, le CHSCT (Comité d’Hygiène, de sécurité et des conditions de travail) et le médecin du travail. Une consultation ou téléconsultation 7j/7 de souffrance au travail est également possible au sein de tous les CHU (Centres hospitaliers).

Un outil technologique peut-il aider à réduire la charge mentale en entreprise ?

La transformation digitale et les outils numériques sont aujourd’hui capables de réduire la charge mentale dans la vie professionnelle. Ils participent à améliorer la santé morale et physique des salariés, comme des managers.

L’organisation du travail se transforme grâce à l’utilisation d’outils tels que des logiciels de gestion de projets ou d’applications parfois complémentaires. Ces outils permettent, par exemple, de planifier, d’organiser et de gérer le travail d’une équipe de A à Z. Ils aident aussi à définir les objectifs et les tâches prioritaires. Les délais sont dès lors mieux tenus, sans que les projets soient réalisés dans l’urgence.

Un logiciel de gestion de projet efficace peut aussi servir d’outil de collaboration grâce auquel un manager coordonnera les tâches de chacun, partagera leurs commentaires, etc. Il permet d’obtenir une vision globale de l’ensemble du travail afin que les missions soient équitablement réparties et que chaque membre de l’équipe connaisse les impératifs et responsabilités de chacun.